| | | Matthias se rend à la bibliothèque... |  |
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Matthias Rarebell
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| Sujet: Matthias se rend à la bibliothèque...  Sam 23 Jan - 21:07 | |
| Matthias partit de chez lui, sans rien d’autre sur le dos qu’un sac vide. Ce sac allait bientôt se remplir de divers ouvrages empruntés à la Brooklyn Public Library, magnifique bâtiment qui, datant du premier février 1941, s’était au fil du temps empli de milliers de livres qui allaient sous peu être accessibles à Matthias. En effet, il s’y rendait pour s’y inscrire et ainsi économiser l’achat de livres.
Admettons-le, Matthias est l’avarice personnifiée ; mais pardonnons lui cela, il est un peu juste financièrement parlant. De plus, Matthias s’y rendait également pour faire quelques recherches sur son… problème de pilosité qu’il n’arrivait toujours pas à comprendre malgré la quantité importante de temps qu’il y avait déjà consacré. Matthias prit donc le bus afin de s’épargner deux longues et fatigantes heures de marches, qu’il aurait fallu multiplier par deux à cause du retour. Il est effectivement parfois nécessaire de rentrer chez soi, le soir par exemple. Trêve de bavardages, Matthias arriva à la Bibliothèque en un temps record : onze minutes ! Sans le bus, impossible d’être aussi rapide !
Le bâtiment était immense : une gigantesque masse d’une vingtaine de mètres de haut faisait de l’ombre à toute la rue, peu importait l’heure. D’immenses fenêtres ornaient les trois étages à intervalles réguliers de quelques mètres. La porte, à la mesure du mastodonte, 15m24, était parée de deux colonnes ainsi que d’une grille juste assez levée pour laisser passer un basketteur, ornés de feuilles d’or représentant des hommes en toge, armés de lances et autres armes du genre, des créatures mythologiques tel un dragon ou Pégase, et des animaux banals à souhait : chien, chat, lapin, oiseau, poisson ou bien taureau. Tous étaient tirés de grandes œuvres littéraires et imageaient l’évolution des arts et des sciences. La majestueuse bâtisse s’étalait sur une centaine de mètres et avait une forme de livre semi-ouvert, en V. Matthias, tout comme environ un million de personnes chaque jour, pénétra cet immense recueil de savoir, ébahi et méditant devant le prodige de l’intelligence et de la grandeur humaine passée.
Une fois à l’intérieur, Matthias se dirigea vers l’accueil afin de s’inscrire et d’obtenir des renseignements quant au fonctionnement de la bibliothèque. Il réfléchit ensuite afin de déterminer le début de ses recherches. La solution la plus extravagante était aussi la plus censée : rayons science-fiction et fantastique. Un ouvrage parlant d’un problème aussi étrange ne pouvait être considéré comme sérieux et avait du être rangé dans ces rayons. Il se dirigea donc vers la droite et entama son enquête…
Après une après-midi entière de recherche, Matthias savait tout de la lycanthropie (« maladie » causant la transformation en loup-garou), mais rien de concordant ou véridique. Les loups-garous, à l’inverse de lui, ne se contrôlent pas, ne choisissent pas l’instant de leur mutation. Il avait énormément agrandi sa connaissance sur le sujet, certes, mais cela ne lui servirait absolument à rien. Rien. Il emprunta un des livres qui lui avait paru des plus passionnants afin de le lire une fois rentré. Il sorti du bâtiment massif, éclairé par la rouge lumière du soleil couchant, déçu et fatigué ; rejoignit l’arrêt de bus, étudia les horaires et retint un affreux hurlement de désespoir. Le dernier bus était parti dix minutes auparavant. Matthias devrait marcher, sous le poids écrasant des questions sans réponses, énigmes aussi nombreuses qu’insolubles.
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| | | | Kiersten Conelly
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| | Sujet: Re: Matthias se rend à la bibliothèque... Dim 7 Fév - 2:00 | |
| (Désolée pour le temps de réponse ultra méga long, mais Gabi et Layla pourront témoigner : trop de travail ces derniers temps)Il se faisait tard. Mais elle n’avait pas eu la possibilité de se libérer plus tôt dans l’après-midi pour assouvir cette envie de se retrouver dans un de ses lieux favoris. C’est pourquoi Kiersten se rendait à la bibliothèque malgré le soleil couchant. Elle ne pourrait pas y rester bien longtemps, un peu plus d’une heure peut-être, mais tant pis, c’était déjà ça. Le taxi dans lequel elle se trouvait se dirigeait d’ailleurs droit vers la l’immense librairie du Bronx malgré le soleil couchant : the Brooklyn Public Library. Pourquoi tenait-elle tellement à s’y rendre ? Pas pour quelque chose de très important : pour le calme, pour le silence, la solitude, les livres, la connaissance, l’ambiance, l’odeur… Elle aimait vraiment tout cela et pour elle il n’y manquait plus qu’une seule chose : la musique. C’était l’un de ses lieux favoris, elle adorait se retrouver au beau milieu de ces immenses étagères resserrées qui contenaient tellement de choses encore inconnues… Rien que d’y penser, elle se sentait déjà mieux, apaisée.
Son taxi s’arrêta devant l’immense bâtisse. Kiersten paya sa course et descendit de la voiture. C‘est alors qu’elle vit un jeune homme habillé de manière plutôt extravagante qui regardait les horaires de bus à l’arrêt avec une tête mi-terrifiée, mi-dépitée. Elle en déduit que le dernier bus étaient déjà passé et qu’il venait de le rater. Un coup d’œil à sa montre confirma son hypothèse : les bus ne passaient plus ici depuis près de 10min. C’est pourquoi elle se déplaçait en taxi ce soir : c’était plus sûr, et puis et elle pouvait aisément se le permettre.
Kiersten ressentit une certaine pitié pour cet homme lorsqu’elle le vit pousser un soupir résigné et commencer à marcher sans grande conviction le long du trottoir. Avant de se rendre vraiment compte de ce qu’elle faisait, elle lança :
« Eh ! Tu habites loin ? Tu viens de louper ton bus ? »
Qu’est-ce qui lui prenait d’aborder les gens sans les connaître ? Mais c’était trop tard, elle venait d’engager la conversation, elle ne pouvait pas passer son chemin maintenant. Heureusement pour elle, elle était plutôt de bonne humeur, assez en tout cas pour proposer son aide à ce jeune homme. Enfin… elle n’arrivait pas trop à deviner son âge, elle n’était sûre que d’une chose : il était plus âgé qu’elle. Il se retourna vers elle, surpris d’être interpellé.
« Tu sors de la bibliothèque ? J’y allais justement. »
Kiersten dit cela en désignant le livre qu’il tenait contre lui. Elle n’en voyait que la quatrième de couverture et ne pouvait voir le titre du livre. Elle se sentait gênée et baissa la tête pour ne pas voir le l’expression du jeune homme, se demandant si elle n’était pas en train de l’importuner…
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| | | | Matthias Rarebell
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| | Sujet: Re: Matthias se rend à la bibliothèque... Mer 10 Fév - 10:03 | |
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Vous avez tous, au moins une fois dans votre vie, ne mentez point, été surpris dans vos pensées par quelque chose d’inattendu. Vous savez donc à quel point cela peut être désagréable et effrayant. Imaginez donc l’état de Mathias lorsqu’une jeune femme l’interpella pour lui rappeler qu’il avait raté son bus. Se moquait-elle de lui ? Il se rendit rapidement compte de la réalité des choses : cette femme lui proposait , de manière indirecte bien sûr, son aide. Ses paroles ne pouvaient être des mensonges, ses yeux exprimaient trop de sincérité, de naïveté, d’innocence. La jeune femme continua en lui expliquant qu’elle se rendait à la bibliothèque, puis baissa la tête pour une raison qui est et restera inconnue à Matthias : la gêne, venue de la politesse et de la discrétion de la jeune femme qui pensait l’avoir dérangé. Des termes bien trop élaborés pour l’Homme à l’état brut qu’était Matthias.
« Euh… ouais… »
Réponse pleine de sens et passionnante, digne de notre héros. Matthias était un peu déboussolé par cette femme. La Bonté était une de ces choses qu’il n’avait pas réellement eu le loisir d’expérimenter, tout comme l’Amour. Néanmoins il parvint à faire vibrer ses cordes vocales une nouvelle fois afin d’enchainer sur:
« Et que vas-tu faire à la bibliothèque ? »
Le narrateur rappelle qu’il n’a parlé que de ses cordes vocales, pas de son cerveau. Que pouvait-elle bien faire dans une bibliothèque si ce n’était lire ? Remarquons tout de même que Matthias se reprit et dit :
« Je suis désolé, c’était un peu stupide comme question… En réalité, je suis obligé de rentrer chez moi à pied, la voiture c’est un peu cher pour moi.»
Matthias et la jeune femme, tous deux très peu à l’aise, se proposèrent de rester ensemble à la bibliothèque jusqu’au retour du taxi qui déposerait Matthias. Ce dernier ne sut que faire. Il se demandait sans arrêt ce qu’elle pouvait bien penser de lui, pourquoi elle lui avait proposé son aide, s’il devait l’inviter à boire un verre pour la remercier ou quoi que ce soit d’autre. Il pensait plus qu’il ne lisait, aussi resta-t-il béat environ un quart d’heure sur la même page de son livre avant de se décider à la tourner.
Il se rendit soudainement compte qu’il ne connaissait même pas le nom de cette jeune fille et, levant les yeux vers elle tel l’aigle vers sa proie, lui demanda comment elle se prénommait. Elle lui répondit par une suite de syllabes que Matthias eut du mal à assimiler, c’est pourquoi il lui redemanda au moins quatre ou cinq fois de répéter. Il finit par capter deux ensembles distincts : « Kiersten » et « Conelly ».
Dernière édition par Matthias Rarebell le Mar 2 Mar - 13:35, édité 2 fois | |
| | | | Kiersten Conelly
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| | Sujet: Re: Matthias se rend à la bibliothèque... Jeu 25 Fév - 0:15 | |
| Les choses prenaient une drôle de tournure : voilà qu’elle lui avait proposé de partager son taxi avec elle s’il attendait qu’elle ait finit son petit tour à la bibliothèque, et ils étaient désormais assis tous les deux l’un en face de l’autre à l’intérieur de la grande bâtisse, chacun un livre dans les mains. Mais ils ne lisaient pas vraiment. Kiersten guettait Le jeune homme du coin de l’œil ; elle le voyait qui regardait ailleurs, qui tournait son regard vers elle, détournait les yeux avant de les ramener à nouveau sur elle. Il ouvrit la bouche, hésita, la referma. Plusieurs fois il recommençait le même manège. Elle se cacha derrière son livre pour sourire. Il était affreusement mal à l’aise, ce qu’elle ne pouvait s’empêcher d’apprécier : elle n’aimait pas la compagnie des gens trop sûrs d’eux. Elle allait tout de même tenter de le sortir de cette situation qui commençait à lui devenir pénible, semblait-il, mais alors qu’elle ouvrait elle-même la bouche, un son sortit enfin de celle de son compagnon de lecture.
Elle ne comprit pas ce qu’il dit, lui demanda de répéter, comprit qu’il lui demandait son nom, nom qu’elle dû répéter elle-même cinq fois avant qu’il réussisse à le comprendre et à le retenir. Lui se nommait Matthias Rarebell, et une fois qu’elle en fut informée un lourd silence s’installa de nouveau entre eux. Décidée à détendre l’atmosphère, Kiersten referma son livre d’un mouvement sec ce qui fit sursauter Matthias. Elle rit, chose rare ; cette situation était vraiment bizarre, comique d’une certaine manière. Elle se leva, fit le tour de la table qui les séparait et s’intéressa au livre de Matthias :
« Qu’est-ce que tu lis ? Légendes des loups-garous. Tu t’intéresses aux histoires fantastiques ? »
Un regard sur la pile de livre qui était posée près de lui lui indiqua qu’il s’intéressait plutôt à tout ce qui concernait les loups : tous avaient pour sujet les loups et toutes les légendes qui y étaient apparentées, en particulier les légendes des loups-garous. Peut-être était-ce pour un exposé ? La question qu’on lui posait semblait mettre le jeune homme particulièrement mal à l’aise et il mit un certain temps avant de répondre : une réponse vague à laquelle Kiersten ne fit d’abord pas attention.
« Tu cherches une info particulière sur les loups ou c’est juste parce qu’ils te passionnent ? Parce que sinon, je peux t’aider à chercher, je lirai ce gros machin chez moi » dit-elle en désignant l’énorme volume qu’elle avait posé sur la table quelques instant plus tôt.
Cette seconde demande mit Matthias encore plus mal à l’aise que la première, il bredouilla : cette fois-ci Kiersten perçut sa gène sans en comprendre la raison pour autant. Avait-il honte de ses lectures ? Cela semblait peu probable. Elle n’osa plus rien ajouté de peur de l’importuner plus encore, et resta plantée derrière lui en attendant qu’il dise quelque chose ; elle se demandait si elle ferait mieux de retourner à sa place et de replonger son nez dans les pages de son livre. Elle aurait pourtant voulu qu’ils discutent un peu au lieu de rester planter l’un en face de l’autre sans rien se dire comme s’était le cas quelques minutes auparavant, et se maudit de sa maladresse.Et pendant ce temps, Matthias continuait de bafouiller, cherchant une réponse à donner à Kiersten…
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| | | | Matthias Rarebell
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| | Sujet: Re: Matthias se rend à la bibliothèque... Mer 10 Mar - 22:38 | |
| Matthias, après avoir donné son prénom à Kiersten -l’auteur se permettra maintenant de la mentionner dans son récit par son nom aux sonorités anormalement dures pour une femme si douce-, ne sachant qu’ajouter, se tut. La jeune femme fit alors en un seul bond le tour de la petite table pour se pencher sur son livre. Elle s’intéressa soudainement à ses lectures et lui proposa même son aide ! Matthias, que les raisons particulières que nous connaissons ont poussé à faire ces recherches, ne sut alors comment réagir face à cette intrusion dans ce qui est la partie la plus privée de sa vie. Il tenta de la dissuader de lire ces ouvrages et, par la même occasion, de découvrir son problème de pilosité.
«J’pense que ça t’intéressera pas comme livre, c’est euh… très technique avec plein de termes compliqués. »
Il essaya même de l’effrayer avec un nouveau vocabulaire, inconnu jusqu’alors de la race humaine :
« Ca parle surtout de biocanidipicisme et de… euh… de lycanologie cellulaire bidimensionnelle… c’est passionnant mais il faut avoir un certain niveau d’études… et puis savoir des choses, particulières je dirais… avoir acquis des connaissances spécifiques, ce genre de trucs… »
Ces phrases particulièrement profondes et censées étaient bien évidemment, comme d’habitude, ponctuées de longs silences de réflexion par Matthias, qui semblait avoir appris à parler dans une forêt d’Amérique du Sud en compagnie de son camarade en pagne au cri si célèbre, Tarzan. Mais comment expliquer à une inconnue qu’il avait le pouvoir de se transformer en loup sans qu’elle ne le prenne pour un fou ou un drogué? De plus, Kiersten semblait attendre une réponse. Il fallait que Matthias trouve rapidement un autre sujet de conversation afin de la distraire. Il avait pensé à s’énerver comme si elle avait fait quelque chose de grave et à l’envoyer paître, mais cette solution lui paraissait injuste et il n’avait réellement aucune raison de s’énerver. Il trouva enfin comment sortir de cette situation délicate à l’aide d’une phrase à la syntaxe correcte rappelant son avarice :
« Où habites-tu exactement ? Je voudrais pas te faire faire un détour et payer plus cher ! »
Sa compagne lui répondit que ça ne la dérangeait pas et qu’elle ne faisait pas un si grand détour, et nos deux amis, si le terme nous est permis, retombèrent dans une torpeur que l’on pourrait confondre avec un intérêt dévorant pour la lecture. Arriva enfin l’heure de départ, sans doute décidée par le narrateur pour nous sortir de cette partie de la narration si peu captivante plutôt que par le fait Kiersten ait fini sa tâche, tâche qui nous reste toujours inconnue.
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| | | | Kiersten Conelly
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| | Sujet: Re: Matthias se rend à la bibliothèque... Lun 15 Mar - 1:35 | |
| * Biocanidipicisme… Lycanologie cellulaire bidimensionnelle… *
Kiersten jeta un nouveau coup d’œil aux livres posés sur la table. Ils ressemblaient tous à de simples documentaires sur les loups, ou bien à des livres de comtes sur les loups-garous dont certains semblaient même avoir été écrits pour un public bien plus jeune que Matthias. Aucun ne semblait traiter de tels sujets.
* Il me prend pour une parfaite idiote ! Et ça n’a pas l’air de le déranger plus que ça d’insulter mes compétences intellectuelles. Il a quel âge au juste ? Il n’a pas l’air tellement plus âgé que moi en fin de compte. Vraiment sans gêne ! *
Kiersten lui assura que cela ne la gênait en rien de faire un petit détour et se retira jusqu’à sa chaise pour essayer de s’y tasser au maximum. Pour une fois dans sa vie qu’elle s’était montrée sociable et aimable, amicale même ! Elle aurait dû se taire, son vieux démon reprenait possession de son corps de plus belle : blessée, elle voulait être seule… Mais impossible. Elle n’osait plus dire un mot, et retirer sa proposition était d’une telle ignobilité qu’elle n’envisagea même pas cette option. Elle voulait quitter la bibliothèque et rentrer chez elle au plus tôt, mais toutes ses cordes vocales se refusaient à vibrer. Perturbée, elle reprit son livre et ramassa ses jambes contre elle, ne se souciant pas vraiment de salir son siège avec ses chaussures. Elle ne tournait aucune page : elle luttait contre le démon, duel féroce contre sa nature profonde…
* Voilà où cela me mène d’être sociable… *
De son côté, Matthias, imperturbable, ne remarqua même pas son trouble. Ni le fait qu’elle stagnait sur la même page depuis un quart d’heure. Ni le fait qu’elle tenait son livre à l’envers. Encore moins le fait qu’elle semblait pétrifiée le regard dans le vide ; elle n’avait pas bougé d’un millimètre durant tout ce temps, si ce n’est pour se ratatiner sur son siège. Il lisait sans l’ombre d’une gêne, fronçant les sourcils, soupirant, prenant un autre livre dont il feuilletait rapidement les pages avant de s’arrêter sur une précise et de soupirer à nouveau car elle ne contenait pas l’information qu’il cherchait. Il n’eut bientôt plus rien a feuilleté et Kiersten, tous les sens en alerte malgré ses manières de statue, remarqua immédiatement l’absence du bruit régulier des pages qui se tournaient. Il l’attendait ! Elle se leva rapidement de crainte qu’il ne se mette à l’observer, et lui lança un timide :
« On y va ? » tout en lui tournant à demi le dos et en s’éloignant.
Cette petite virée à la bibliothèque ne lui avait vraiment servit à rien : elle y était venue pour s’y détendre un peu plus, mais elle en ressortait toute crispée et abattue. De plus, elle en avait assez. C’était déjà le sixième ou septième taxi qui leur passait devant sans s’arrêter. Découragée, elle laissa retomber lourdement son bras à son côté. Elle sentit le regard de Matthias se tourner vers elle. Elle reprit son courage à deux mains et se força à rire :
« Je crois qu’on est bon pour rentrer à pied à ce rythme. »
Parfait ! Elle avait réussit à parler de façon naturelle. Un petit vent se leva, faisant monter une légère odeur -ou était-ce une aura ?- aux narines de Kiersten. C’était une odeur subtile, quasi insaisissable pour l’odorat de la jeune femme. Elle lui évoquait néanmoins quelque chose de sauvage, d’animal, ce qui ne collait pas du tout avec l’environnement « rues de New York » dans lequel ils se trouvaient. Kiersten eut un mouvement de recul et un frisson parcourut sa nuque, signe que sous sa forme d’hybride tous les poils de son échine se seraient hérissés ; son instinct animal lui dictait de s’enfuir sur le champ. Kiersten tourna la tête vers Matthias et se rendit compte que ce qui lui inspirait ce sentiment de crainte émanait de lui.
* Mais qu’est-ce qui se passe ? *
L’impression ne retombait pas, au contraire : elle s’amplifiait. A peine avait-elle eu le temps de se demander ce qui lui arrivait que des images se mirent à défiler sous ses yeux : elle revoyait les livres de Matthias sur la table. Pourquoi des loups-garous ? Pourquoi des lycans ? Et surtout, pourquoi cette réaction lorsqu’elle lui avait proposé son aide ? Une idée commençait à se profiler dans son esprit ; absurde pensait-elle tout d’abord avant de conclure qu’elle était fortement plausible : Matthias était-il un hybride ? Kiersten voulait en avoir le cœur net, jamais elle n’avait rencontré d’autres hybrides que les membres de sa famille qui étaient tous des felidaes, et c’était la toute première fois qu’elle avait l’impression de se trouver en face d’un autre de ces êtres hors du commun. Aussi, elle lui demanda, cash :
Elle ajouta rapidement, se disant qu’il ne connaissait peut-être pas le terme « hybride » :
« Enfin, tu es capable de te transformer en animal ? »
Deux solutions s’offrait désormais à elle : soit il n’en était pas un et elle se faisait passer pour une tarée, ce qui importait peu puisqu’il avait déjà l’air de la prendre pour une idiote. Soit il en était vraiment un… Et dans ce cas, elle avait conscience qu’elle risquait de se faire attaquer ; elle se tenait déjà prête à réagir si jamais la situation tournait mal et avait prit un léger recul. Elle n’attendait plus qu’une réaction de sa part.
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